Le mythe du héros

Publié le par M1 STAPS ULCO



Dans tous les mythes on retrouve la figure du héros. Depuis que l’homme transmet son savoir sous forme de légendes, il a fabriqué ses héros pour glorifier ses vertus, apprendre à ses descendants comment surmonter les obstacles, ou bien tout simplement pour occuper les longues veillées. Cependant, à y regarder de plus près, toutes les légendes contiennent une structure immuable, ou du moins pas mal de similitudes.


Le Cycle du Héros

La grande aventure qui fait la différence entre le héros victorieux et le vaincu qui sera vite oublié, suit un parcours classique, dans les légendes du moins. Pour atteindre son but, le personnage passe par de nombreuses étapes, qui l’entraîneront hors du monde, puis reviendra rapporter le fruit de sa quête pour régénérer le monde.



Le Départ:

L’appel de l’aventure :
Chaque histoire a un début, le plus souvent un indice, ou un héraut, va dévoiler une piste.

Le refus de l’appel :
Se lancer dans l’aventure nécessite l’abandon de ses intérêts personnels, peu sont suffisamment ouverts pour laisser derrière eux leurs peurs ou leur confort. L’appel de l’aventure peut rester sans réponse. Les conséquences en sont souvent funestes.

L’aide surnaturelle :
La première rencontre sur le chemin aventureux est souvent un étrange personnage, un parent, qui fournira, au héros qui saura l’accepter, une aide fabuleuse, ou des conseils indispensables par la suite.

Le passage du premier seuil :
Le héros doit quitter les terres familières pour pénétrer le territoire de l’aventure. Un gardien symbolise souvent ce passage dans l’inconnu.

Le ventre de la baleine :
Pour atteindre le monde au delà du seuil, il faut disparaître et renaître. C’est pourquoi on rencontre ces monstres engloutisseurs, matrices dans lesquelles le héros atteint l’annihilation de soi.

L’initiation:

Le chemin des épreuves :
 Longue et périlleuse est la route du héros, il convient d’affronter épreuves, adversaires, dragons, hydres-mutlicéphales. Avec sa force, son courage et ses soutiens, il triomphera de ces préliminaires.

La rencontre avec la déesse :
Le privilège du héros est de contempler la mère de toutes choses. Elle donne la vie et garde le puits inépuisable ; puissante, elle transcende bien et mal. Reste au héros à la conquérir, devenir pour un temps son compagnon et diriger son influence.

La femme tentatrice :
L’erreur que doit éviter le héros en découvrant la déesse vie est de faillir. Il a fait de la mère destructrice, son épouse inéluctable. C’est bien à sa mère qu’il s’unit. Oscillant entre la tentation et la répulsion, son combat se déroule entre son esprit et sa chair. L’innocence peut le sauver, mais la morale peut le rendre fou.

La réunion au père :
A ce point il réalise qu’il doit prendre la place du père. Mais pour cela, il doit surmonter cet être qui lui reflète son propre ego immature. Il doit vaincre l’ogre, le titan qui dévore ses enfants. Pour devenir le père qui assurera la transmission entre générations.

Apothéose :
Après avoir été arraché à la mère, mis en pièces et assimilé au corps de l’ogre dévorateur du monde, la renaissance du héros engendre un être qui est plus grand que la somme de ses parties. Il a l’opportunité d’être celui qui sait, considérer le tout. A la fois mâle et femelle, il a la vision du cycle du monde.

Le don suprême :
L’objet de la quête n’est pas uniquement la béatitude, un don symbolique est plus parlant pour l’imagination des auditeurs. Les récompenses suprêmes émergent des fantasmes infantiles : la nourriture inépuisable, le corps indestructible, la fontaine de vie, ou encore l’outil parfait. Mais tout comme les êtres fantastiques rencontrés sur le chemin, ce ne sont que symboles destinés à être dépassé



Le retour:

Le refus du retour :
 Le fruit de sa quête entre les mains, reste le difficile retour pour le rapporter aux hommes. Mais cette responsabilité est bien souvent refusé. Le héros qui a atteint l’illumination rechigne a rejoindre le monde imparfait et jouer les messies, préférant demeurer au royaume magique.

La fuite magique :
Le don recherché n’est pas toujours aimablement cédé, le héros voleur doit encore échapper à ses poursuivants et aux ultimes dangers. A ce stade, tout peut encore échouer, il doit protéger son individualité.

La délivrance venue de l’extérieur :
Quand le héros reste prisonnier au delà du monde, il lui faut l’aide d’un élément provenant du monde, qui lui montera le chemin. Sa conscience est paralysée, c’est son inconscient qui le rappelle.

Le passage du seuil au retour :
Les deux mondes sont représentés séparément, mais pourtant le monde magique est une dimension oubliée du monde rationnel. Le choc du retour est rude, la vision du héros est changée et il ne retrouve pas toujours son passé, il ne délivre pas toujours son message.

Maître des deux mondes :
Le don du héros est de pouvoir passer du point de vue temporel à la profondeur causale, il n’est plus réduit à un seul mais ouvert à tous. Le voilà vivant la béatitude de l’instant et comprenant la multiplicité du monde.

Libre devant la vie :
Le but de toute cette aventure est de libérer le héros de son ego, qu’il soit enfin. Ainsi il devient l’instrument qui accompli le changement et cesse de se tromper sur ce qu’il fut.















LE HEROS ANTIQUE
 
Fils d’un dieu et d’une mortelle, ou d’une déesse et d’un mortel. Homme élevé au rang de demi-dieu ; patron d’une cité, d’une tribu, d’une dème, etc. Pour expliquer les destins exceptionnels des héros, aucune autre possibilité que l’intervention des dieux. Grâce auxquels leurs favoris vivront aussi leur lot de tragédies. Une chose à retenir cependant, c’est pour aider les hommes que Prometée se fait dévorer le foie chaque jour.

LE HEROS MEDIATIQUE

Devenir un héros pour ses concitoyens, beaucoup on essayé, certains ont réussi sans l’avoir désiré. La force du héros tient dans la part d’identification que recherchent ses adorateurs, et l’unification qu’il peut canaliser. Prenons David, il représente la chance du petit frondeur contre le géant brutal, l’exemple adapté aux enfants, que l’habileté est plus efficace que la force. Mais au sens historique, c’est le héros du peuple hébreux. Voilà bien la fonction du héros, il doit représenter un idéal, ou bien une communauté. Il n’agit pas en son seul nom, mais pour le bien d’un groupe. Mais alors, pour être considéré comme un héros, il suffit d’avoir des fans ! En quelque sorte oui, mais pour le rester longtemps, il faut mieux avoir des bardes, écrivains, rapporteurs qui vont transmettre son histoire, et, on peut compter sur eux, l’embellir.

LE SUPER HEROS

La science remplace peu à peu le mystère, elle va transformer des hommes en surhumains, mais n’est d’aucun secours pour leurs âmes. Ces nouveaux héros doivent êtres AMAZING, FANTASTIC, MARVELOUS, c’est à dire spectaculaires, infantiles et populaires car leurs aventures sont commercialisés et destinés aux adolescents. Mis à part leurs pouvoirs, leur autre particularité est de posséder généralement une identité secrète. Ces vigilantes font régner la justice incognito, ils cherchent se protéger de leur célébrité, mais alors ce sont des Janus schizophrènes ! Le pouvoir du masque est tel qu’on peut imaginer qu’en chaque anonyme sommeille un héros. Rares sont ceux qui acquièrent une profondeur, leur vie se résumant en une succession de combats contre les forces naturelles, technologiques, extraterrestres, mystiques, ou tout simplement leurs alter-egos criminels. Cependant en fouillant bien, vous trouverez que les auteurs de comics puisent leurs sources aux mêmes mythes que leurs prédécesseurs.









Liens Internet:
 http://www.vulgum.org/imprimer.php3?id_article=320
http://pagesperso-orange.fr/psycause/038/038_cohen.pdf

Références :
"the hero with a thousand faces" de Joseph Campbell, en français "Les héros sont éternels".
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